
Le cheval en hiver
A condition qu’il ne soit pas tondu, un cheval est « armé » pour passer les frimas et les grands froids d’un hiver, même rigoureux. En fonction de son âge, de son état de santé, de son activité, des apports seront peut-être nécessaires. Faisons un petit tour pour mieux comprendre les problématiques.
Le froid
La sensation de froid se ressent quand l’organisme quitte par le bas sa plage de confort thermique. Sur un plan physique, le confort thermique correspond à un état d’équilibre thermique entre le corps et les conditions ambiantes. Pour mémoire, le cheval est classé dans la famille des homéothermes, à savoir un organisme dont l’intérieur du corps conserve (ou tente de conserver) une température constante. Chez le cheval adulte (toujours non tondu), la zone de confort thermique se situe dans une zone allant de +5°C à + 25°C. En dessous de 5°C, le corps devra produire de l’énergie afin de réchauffer le corps et les organes vitaux. En dessous de -15°C, l’homme devra intervenir en « protégeant » son cheval en lui fournissant un abri par exemple.
Les réactions face au froid
Comme chez l’homme, le cheval réagit rapidement face à une chute des températures. Il sera pris de frissons et pourra se mettre en mouvement pour produire de la chaleur. Les frissons sont une réaction du corps pour lutter contre l’hypothermie. Le corps va actionner l'ensemble des muscles sous-cutanés afin de réchauffer l'épiderme. Ce mécanisme peut perdurer dans le temps alors qu’une mise en mouvement physique sera plus brève, car très consommatrice d’énergie, mais aura l’avantage de permettre une montée en température plus rapide. Les frissons s’accompagnent aussi d’une piloérection, redressant les poils afin d’en augmenter le pouvoir isolant en augmentant le volume d’air contenu entre les poils. En ce sens, brossez régulièrement votre cheval afin d’augmenter le volume protecteur de ses poils et éviter que des poils « collés » n’empêchent cette isolation naturelle. Pour aider à la repousse de la robe, pensez à la vitamine B que vous trouverez dans la levure de bière P42 - LEVURE DE BIERE et la préparation P27 - CORNE, CRINS ET PIEDS SAINS.
Autrement, les signes d’alerte du froid sont un cheval qui se tient « sous lui », la tête basse, le tiers inférieur des oreilles est froid. En parallèle, mais ça vous ne le verrez pas, l’organisme libèrera du glycogène (réserve du glucose) pour nourrir les cellules musculaires et effectuera un reflux sanguin vers les organes vitaux pour les maintenir au chaud.
D’autres réactions sont visibles sur le plus long terme à savoir « faire du poil », limiter les activités consommatrice d’énergie ou augmenter la consommation d’aliment.
A l’approche de l’hiver
Il faut respecter la chronologie de la nature. Un cheval doit s’adapter progressivement au froid. On ne passe pas d’un +30°C du mois d’août à un -10°C du mois de janvier en 24 heures. Il convient donc de laisser son cheval au pré durant l’automne afin qu’il s’accoutume progressivement au temps hivernal.
Quand l’hiver est là
Le cheval devra être « bien » nourrit. Sa ration doit être composée d’un foin de très bonne qualité et son volume augmenté de 2,5% par degré Celsius sous les -15°C. Si la ration est de 10kg de foin / jour en été, il devra être de 11 à 11,5kg / jour en hiver par -20°C. J’insiste aussi sur un foin de « très bonne qualité » et je vais faire un parallèle en naturopathie avec l’être humain. Si vous mangez le midi « une salade verte avec quelques grains de maïs en entrée, des haricots verts ou des courgettes vapeur, quelques pâtes avec un filet d’huile d’olive », vous aurez la pêche tout l’après-midi car vous digèrerez facilement tout en ayant les apports nutritionnels suffisants. Par contre, si vous mangez un steak-frites-sauce-pain ou un cassoulet-graisse-d’oie, votre organisme mettra du temps à le digérer et surtout devra utiliser une énergie très importante lors de la digestion. Bref, votre énergie étant consommée pour digérer, vous vous sentez fatigué. Chez le cheval, c’est pareil. Si le foin est par exemple récolté tard, il sera riche en fibres non digestibles, ne fournira que peu d’énergie vitale et par contre nécessitera une consommation d’énergie supérieure pour sa digestion. Même si votre cheval peut se permettre, lui, de faire la sieste dans son pré, le faible apport énergétique associé au besoin d’énergie pour la digestion seront un manque pour lui pour lutter contre le froid.
N’oublions pas non plus l’abri en extérieur. Fermé sur 3 cotés, il convient de protéger le cheval des vents dominants, des vents froids et de la pluie. Cet abri devra être suffisamment grand pour que le cheval puisse se coucher au sec (sol non humide) et sur une litière de préférence en paille propre.
Au box, laissez le vantail supérieur ouvert, même partiellement par grand froid, afin de laisser entrer de la luminosité et de la clarté dans le box et surtout maintenir une ventilation minimale sans créer de courant d’air.
Enfin, n’oubliez pas de tenir toujours à disposition de votre cheval de l’eau, de préférence légèrement tiède, propre et changée régulièrement. Le cheval ayant tendance à boire moins en hiver, son hydratation est à surveiller car un défaut de boisson pourrait provoquer une colique dite d’impaction (bouchon alimentaire le plus souvent dans la zone appelée « courbure pelvienne »). Dans l’abreuvoir au pré, pour éviter qu’il ne gèle trop rapidement, placez-y un ballon, des rondins de bois ou une bouteille en plastique qui ralentira la formation de gel en surface.
Travailler son cheval en hiver
Saison hivernale n’est pas systématiquement synonyme de repos forcé. Néanmoins, il s’agit de s’adapter aux conditions climatiques plus contraignantes pour éviter tout risque de maladie, blessure ou accident.
Tout d’abord, au niveau de la musculature, celle-ci met plus de temps à s’échauffer par temps froid. Petit rappel : Pourquoi l’échauffement est indispensable ? L’échauffement est indispensable avant toute activité physique pour augmenter la vascularisation sanguine au niveau des muscles et ainsi permettre au sang d’apporter nutriments et oxygène quand l’effort sera à fournir. Sinon, sans apport suffisant, pas d’énergie dans les muscles, absence d’oxygénation et donc production d’acide lactique non-éliminé (acidification), d’où crampes, courbatures, risque de myosite,… Si malheureusement ces symptômes devaient survenir, prenez conseil auprès de votre vétérinaire et pensez à effectuer un drainage musculaire P89 - DRAINAGE MUSCULAIRE.
Par temps froid, n’hésitez pas à échauffer votre cheval (et vous-même) pendant une bonne demi-heure avant de le moindre effort. Un muscle « chaud » aura une bien meilleure performance qu’un muscle « froid » lors d’une sollicitation au travail.
Concernant l’environnement au travail en hiver, il convient bien évidemment d’inspecter le sol. En cas de gel, celui-ci est dur et a perdu ses capacités d’amortissement. Attention aux risques de lésions articulaires ou tendineuses en cas de travail répété sur sol dur. De plus, ce même sol peut être dégradé, avec des ornières, des trous, être glissant et donc dangereux, aussi bien pour le cheval que pour vous-même.
Enfin, vous avez trouvé le bon terrain, vous vous êtes échauffé avec votre cheval et espérons-le, vous y avez pris du plaisir. De retour à l’écurie, il y a fort à parier que votre monture ait fortement transpiré. Comme il a gardé son poil d’hiver, celui-ci est humide, voire trempé et il risque de prendre froid. Il convient donc de le frotter pour le sécher. Par expérience la paille est idéale, mais une serviette séchante peut aussi être utilisée. Si votre cheval est tondu, il faudra lui mettre une couverture. Celle-ci sera à adapter en fonction de son lieu de vie et des efforts fournis. Il faudrait prévoir 3 ou 4 couvertures et couvre-reins d’épaisseurs différentes afin d’adapter son épaisseur aux conditions climatiques et d’en avoir toujours une de disponible, propre et sèche.
Les affections de l’hiver
Les maladies de l’hiver chez le cheval ne sont pas forcément plus nombreuses qu’en été, mais les conditions climatiques aidant, celles-ci peuvent prendre plus d’ampleur en cas de manque de soins. Voici un petit tour d’horizon des pathologies les plus courantes en hiver :
- Les dermatoses (ou gale de boue) : Affections de la peau pouvant se développer en dermatite en cas d’inflammation. Les dermatoses « adorent » se développer en zone humide et chaude, comme par exemple au niveau des pâturons. En cas d’infection, votre cheval va se gratter, peut saigner, voire boiter. Il convient d’éradiquer rapidement les dermatoses afin d’éviter sa prolifération ou des complications de type lymphangite.
- la grippe : maladie virale de l’hiver, elle se propage rapidement surtout lors de rassemblements équins, de concours, … Il faut savoir qu’un sujet malade est contaminant dans un rayon de 40 mètres.
- La gourme : maladie bactérienne des voies respiratoires, elle peut être comparée à l’angine chez l’humain. Le risque de contamination est aussi très important et nécessite une intervention vétérinaire dès les premiers signes de maladie : inflammations de voies aérienne supérieures, des ganglions lymphatiques, fièvre, perte d’appétit,…
- La rhinopneumonie : maladie virale se déclenchant en période froide et humide, elle est aussi très contagieuse. Les symptômes sont similaires à la grippe.
- La myoglobinurie atypique : cette maladie d’origine bactérienne touche directement les muscles et provoque leur dégénérescence. Elle n’est pas contagieuse. Le premier signe visible de la maladie est la coloration des urines en une teinte rougeâtre. Une intervention ultra-rapide du vétérinaire est indispensable.
Et les pieds
Avec l’hiver, les pieds et les bas des membres sont souvent dans la boue et l’humidité. Un pansage régulier de cette zone est indispensable en prévention d’éventuelles infections comme les dermatoses vues plus haut. Il faudra bien brosser les jambes et les pâturons pour éliminer la boue et la terre puis les sécher avec une serviette absorbante. Si vous voyez une lésion cutanée, nettoyez là avec un papier absorbant qui sera ensuite jeté à la poubelle et appliquez la lotion L87 - LAIT PYODERMITE. Pour les pieds, après les avoir curés, et nettoyés, appliquez de préférence un onguent au goudron de Norvège C99 - ONGUENT NOIR AU GOUDRON DE NORVEGE ou du goudron de Norvège pur C110 - GOUDRON DE NORVEGE. Le goudron de Norvège agira comme antibactérien, assèchera les tissus et fera barrage contre l’humidité.
Des plantes médicinales pour l’hiver
Le cheval est un herbivore, il est donc tout à fait adapté à profiter des bienfaits des plantes. L’hiver étant la saison des infections virales par excellence, il convient de prévenir ces attaques en stimulant les défenses immunitaires. L’échinacée (Echinacea purpurea), le cynorrhodon (Rosa canina), l’ortie (Urtica dioica) et le goémon noir (Ascophyllum Nodosum) apporteront minéraux et vitamines (en particulier la vitamine C) pour aider votre cheval à affronter l’hiver. A retrouver dans la préparation P124 - CURE DE SAISON : HIVER.
En cas de troubles respiratoires et/ou de risque d'infection respiratoire, il est conseillé de donner le complément alimentaire P14 - AIDE RESPIRATOIRE et d'appliquer les lotions HUILE (Réf. H11) ou LAIT (Réf. L13) AIDE RESPIRATOIRE au niveau des pectoraux antérieurs.
De manière générale, pour combler une éventuelle carence, une cure de vitamines et d’oligoéléments reste préconisée durant la période hivernale P111 - MULTIVITAMINES & OLIGO-ELEMENTS.
En cas de baisse du système immunitaire ou pour agir en prévention, la préparation P170 - BOOST IMMU sera recommandée.
En conclusion, l’hiver peut être rude, mais avec un peu de bon sens et de courage, il est tout à fait possible de passer une période hivernale agréable avec son cheval. Et si vous n’aviez qu’une chose à retenir, évitez absolument à votre cheval de subir en même temps les 3 phénomènes suivant : Froid + Vent + Humidité. Ce serait l’infection assurée.